Après les autoroutes, la privatisation des nationales

 

 

 

Le décret permettant la privatisation des nationales

 

Le 15 août est paru au Journal Officiel un décret, signé par le Premier ministre Jean Castex. Ce décret est on ne peut plus explicite : les sociétés qui gèrent les autoroutes pourront se voir chargées de l’entretien de tronçons de routes nationales qui mènent aux autoroutes. Ces tronçons là seront donc classés comme « autoroutes » par la loi et gérées par les sociétés privées concessionnaires.

 

Screenshot_2020-09-27 Légifrance - Publications officielles - Journal officiel - JORF n° 0200 du 15 08 2020

 

En échange de ces nouveaux tronçons de routes à entretenir, l’État s’engagera à prolonger les concessions des sociétés autoroutières. Voilà le problème.

La privatisation des autoroutes

 

Initié en 2006, la privatisation des autoroutes a conduit à la cession de la majorité du réseau autoroutier national à 3 grands groupes privés : Vinci, Eiffage et l’espagnol Abertis.

Graph 2 réseau

Ces trois groupes se voient confiés l’entretien et l’exploitation des autoroutes en échange des recettes des péages. La privatisation fonctionne par concession. Chaque tronçon autoroutier est donc confié au privé jusqu’au terme de la concession. Voilà quand s’achève les différentes concessions autoroutières (Source : Rapport du Sénat 2020, Synthèse, p.5)

Graph 3 échéances

 

L’Etat a été dédommagé pour ces concession. Au total, l’Etat a « concédé » l’exploitation des autoroutes jusqu’à 2036 contre la coquette somme de 22.5 milliards d’euros au total (Source : Rapport du Sénat 2020, rapport complet, p.73)

Graph 4

 

Ce « coût » d’achat pour les sociétés Eiffage, Vinci et Abertis est à mettre en regard des dividendes versés aux actionnaires depuis 2006. Si les dividendes sont supérieurs au coût total d’achat, alors les actionnaires commencent à gagner de l’argent sur la privatisation des autoroutes. Voici les dividendes perçus par les actionnaires des trois groupes de 2006 à 2019 (Source : Rapport Sénat 2020, synthèse, p.6)

Graph 5 dividendes

Attention toutefois. Si on prend en compte les différents programmes de travaux et d’entretien, les autoroutes ne seront rentables pour les actionnaires « que » à partir de 2022 (Source : Rapport Sénat 2020, synthèse, p.6) . Çà leur laisse tout de même entre 9 et 15 ans pour amasser de l’argent sur le dos des usagers des péages.

Un rapport de l’Autorité de régulation des transports (p.163) paru en juillet 2020 nous montre que les sociétés vont continuer de se verser des dividendes jusqu’au terme de leur concession.

Graph 6 prévisionnel dividendes

 

Tous ces dividendes, si on en fait la somme, représentent 40 milliards d’euros que les actionnaires de Vinci, Eiffage et Abertis vont percevoir de PURS BENEFICES d’ici la fin des concessions. Ce calcul, c’est le Sénat qui l’a réalisé (Source : Rapport Sénat 2020, synthèse, p.6).

Graph 7 total dividendes

 

On comprend donc que prolonger les concessions des sociétés autoroutières est une bien mauvaise affaire pour le contribuable. On va perdre encore plus que les 40 milliards d’euros qu’on a déjà perdus !

Le Sénat, d’ailleurs, ne s’y trompe pas. Voilà une des recommandations de son rapport de 2020 (Source : Rapport Sénat 2020, présentation, p.4).

Graph 8 concessions fin

 

Les précédents rapports des autres institutions

Cour des comptes : https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/EzPublish/relations_Etat_societes_concessionnaires_autoroutes.pdf

Sénat http://www.senat.fr/rap/l13-275/l13-2751.pdf

Assemblée Nationale http://www.assemblee-nationale.fr/14/pdf/rap-info/i2476.pdf

Autorité de la concurrence http://www.autoritedelaconcurrence.fr/pdf/avis/14a13.pdf

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